Chers amis lecteurs
Je suis sûre que , comme moi, vous recevez chaque jour votre dose d’appels téléphoniques intempestifs, généralement aux moments les plus inopportuns. Personnellement il m’est arrivé d’en recevoir 5 alors que je prenais mon petit déjeuner : le meilleur moment de ma journée. Hier matin, à 9 heures, je dormais du sommeil du juste, ayant lu jusqu’à 4 heures du matin, lorsque la sonnerie de mon téléphone m’a réveillée. En tâtonnant je suis parvenue à saisir mon appareil après l’avoir envoyé voltiger ainsi que mon réveil et mes lunettes. Une voix extrêmement bizarre m’a demandé si j’étais bien « Françoise Dubrovna Luciana ». Inutile de dire que j’ai raccroché immédiatement avant que, ce qui ne pouvait être qu’un agent de Poutine ne recueille mes coordonnées bancaires. Qui sait ? C’est devenu un bien vilain monde que le nôtre, hélas.
Vous avez certainement été avisée comme je l’ai été par deux fois que des erreurs avaient été découvertes dans votre dossier de Sécurité Sociale et, bien sûr vous avez aussitôt raccroché, sans attendre qu’un de ces misérables escrocs vous demande votre numéro d’INSEE, voire le mot de passe et le code d’entrée de votre ordinateur.
Mais il y a pire ! Heureusement que je ne m’en laisse pas conter facilement ! Par deux fois j’ai reçu un mail qui aurait pu me provoquer une crise cardiaque. Ce message, sommé du logo de l’État Français, me convoquait à un commissariat de banlieue( où je n’ai pas mis les pieds depuis près de vingt ans ) pour « proxénétisme, photos de caractère pedophile et je ne sais plus quoi encore ! Vous vous imaginez ! Sapristi, je suis un modèle de civisme, j’ai été organiste liturgique bénévole pendant 20 ans, je vais avoir 91 ans, ma retraite me suffit, et si j’avais eu l’intention d’engager une équipe de péripatéticiennes dans mon village pour arrondir mes fins de mois, il aurait fallu que je me décarcasse pour trouve un endroit pour trouver un local où ces pauvres filles puissent exercer leur coupable industrie et j’ignore où elles auraient pu arpenter le bitume à part sur les pistes cyclables, les rares trottoirs monopolisés par les voitures. Quant aux photos à caractère pédopornographiques, je ne m’étendrais pas sur cette activité répugnante. De toute façon je n’ai jamais été portée sur la grivoiserie et il faudrait écumer plusieurs départements avant de trouve une photographe aussi nulle que moi.
Heureusement, je n’ai pas pris une seconde au sérieux ce mail absurde que j’ai immédiatement envoyé dans les Spams rejoindre deux ou trois offres graveleuses et deux mails me félicitant d’avoir gagné un million au tirage d’une promotion exceptionnelle et que cette somme fabuleuse me serait virée des que j’aurais envoyé mon RIB, mon acte de naissance et la photocopie de ma carte d’identité.
Mais revenons à la prétendue convocation . Bien sûr, personnellement, bien que mon intelligence ne dépasse vraisemblablement pas la moyenne nationale, je ne suis pas complètement idiote et, de plus, ce que les gens pensent de moi m’est complètement indifférent. Mais imaginez une personne crédule, pas très maligne et pathologiquement soucieuse de l’opinion de ses voisins ; si elle ne défaille pas d’une attaque sur le champ, elle se verra déjà traînée devant un tribunal, injustement jugée pour des crimes particulièrement honteux, sa réputation salie jusqu’à la fin de ses jours, peut-être condamnée si elle n’a pas les moyens de se payer un avocat de l’envergure de Maître Dupont-Moretti.
La malheureuse va donc sans plus réfléchir téléphoner au numéro inscrit sur la convocation. Dans son désarroi, elle va répondre avec beaucoup de franchise à toutes les questions insidieuses qui lui sont posées, peut-être, en puisant sans ses pauvres économies, enverra-t-elle un chèque important pour « avances de frais » ( elle ne comprend pas bien à quoi cela correspond, mais que ne ferait-elle pas pour se sauver du déshonneur). Vraiment mon cœur saigne pour cette pauvre femme ( ou ce pauvre homme : les femmes n’ayant pas le monopole de la crédulité, de la faiblesse mentale et du souci de l’opinion de leurs concitoyens).
Mais, que voulez-vous, chers lecteurs , c’est le progrès !